Tuesday, December 9, 2008

JOANN SFAR: Piano










Joann Sfar est né en 1971 à Nice et a fait des études de philosophie et des beaux-arts. Il est un dessinateur de séries traditionnelles, comme Donjon et le Chat du Rabbin. Mais chez l’Association il a crée un série appelé les Carnets, qui est un journal intime sous forme de bande dessinée. Piano est le quatrième tome. Les autres : Harmonica, Ukulélé, Parapluie, Caravan. Il y a quatre autres chez Delcourt : Greffier, Missionnaire, Maharajah, Croisette. Voire les Carnets.


Il a aussi écrit pour Charlie Hebdo.

À part de la BD, il est aussi musicien (jour le ukulélé), directeur d’édition, et a adapté beaucoup de bandes dessinées au cinéma.


L’autre bande dessinée autobiographique qu’on a vu de Satrapi n’as pas tout a fait le même style que celle de Sfar. Persepolis est plus une histoire racontée d’un certain point de vue, celui d’une petite fille occidentalisée parmi la révolution islamiste de 1978-79 en Iran. Piano est plutôt un journal intime où Sfar raconte n importe quel événement ou réflexion sur la vie.

Quelques exemples :

La musique (surtout son ukulélé) est partout dans la BD, comme le est sa famille (sa fille et sa femme enceinte), le festival d’Angoulême et le fait que tous les dessinateurs s’en foutent des prix mais secrètement veulent gagner quand même, le grand mensonge des parents chrétiens à leurs enfants (Père Noel), semblablement, la psychologie des enfants non chrétiens face à Noël, l’inspiration de Kafka, les toilette d’Autriche…



Son styleest esquissé,

comme les gribouillages dans les marges d’un cahier. Il n’y pas de cases ou de structure fixe. Un peu comme Squarzoni, il ajoute quelquefois des reproductions d’œuvres d’art, d’autres œuvres

littéraires (comme Roald Dahl), des publicités, des feuilles de musique, des photos, et d’autres éléments de la culture pop. Il y a aussi des passages de dessinateurs, comme Riad Sattouf, de personnages de ses autres bandes dessinées, comme le petit vampire, et aussi de personnages d'autres dessinateurs, comme Monsieur Ferraille. Aussi, il se montre beaucoup comme chien.

Quand j’étais enfant, je lisais beaucoup de livres de Roald Dahl. Avant même qu’il l’a mentionné, j’ai pensé à cet écrivain et j’ai remarqué qu’il y avait une similarité entre ses dessins et ceux de Sfar. Voici le site de Roald Dahl pour voir quelques exemples.

Pendant mon lecture j’ai pensé aussi à un autre série que j’aimais : Ameila’s Notebook de Marissa Moss. Chaque livre est un aventuré d’une fille qui raconte tout dans son journal bien gribouillé comme ce de Sfar. Voici un extrait d’Amelia Writes Again.

Monday, December 1, 2008

MARJANE SATRAPI: Persépolis

Dans Persépolis (tome 1), Marjane Satrapi raconte sa vie de petite fille de 8 à 10 ans pendant la révolution islamique iranienne (1979-80). Elle est née le 22 novembre 1969 à Rasht, Iran. Sa famille appartenait à l’aristocratie, son grand-père a été prince de la dynastie Kadjar, mais comme les bobos qu’on a vus chez Bretécher et Dupuy-Berberian, elle appartenait à la gauche révolutionnaire, ou communiste. Ses parents manifestaient contre le Chah, mais son père conduisait un Cadillac et ils avaient une bonne. Les événements importants de l’histoire iranienne sont racontés du point de vue d’une petite fille qui ne comprend toujours ce qui se passe. De plus, les événements historiques et les statuts des différentes catégories de personnes (les prisonniers politiques, les paysans, et plus) sont tous liés à Marji d’une manière ou d’une autre.
Elle a étudié dans un lycée français en Iran, en Autriche (quand elle avait 14 ans, pour fuir la guerre), a fait ses études supéri
eurs en Iran et des études en art décoratif en France (Strasbourg). Elle a publié plusieurs bandes dessinées et Persépolis est compris de quatre tomes. Cette série a été adoptée à l’écran en noir et blanc.
La BD est en noir et blanc, aussi, et sauf quelques vêtements à motifs, le style est simple. Le dessin correspond avec la simplicité et l’innocence
de la petite fille.


Quelques remarques sur la lecture :


  • Le Matérialisme dialectique, ou bien le fondement du marxisme. Lecture léger pour un enfant…




  • Marji voit les martyres et les héros comme des trophées, comme les politiques exotiques chez Bretécher.
  • Siamak et sa famille se sont fuis, cachés entre un troupeau de moutons comme Ulysse.

  • Le peuple iranien trompé? La révolution a réussi à expulser le Chah, mais la république islamique assassine les révolutionnaires…
  • Voici deux interviews avec Marjane Satrapi. 1. 2.

Thursday, November 27, 2008

Charlie Hebdo

Ce journal hebdomadaire largement illustré a commencé son histoire avec le magazine mensuel Hara-Kiri, fondé en 1960 par Georges Bernier (Professeur Choron) et François Cavanna. En 1969, après une manchette polémique concernant le récemment décédé Charles De Gaulle et un incendie mortel dans une discothèque, le mensuel a été interdit par le ministre de l’intérieur. Ainsi est né Charlie Hebdo, empruntant son nom à Charlie Brown des Peanuts. Cavanna reste toujours à Charlie Hebdo, le directeur de la rédaction est Philippe Val, et quelques dessinateurs sont Riad Sattouf (La Vie secrète des jeunes), Riss, et Willem, mais l’hebdomadaire a connu des dessinateurs comme Reiser et Sfar. Charlie Hebdo est un journal satirique et caricatural de gauche.


N°858 – Mercredi 26 novembre 2008

La une de cette semaine montre une caricature de Sarkozy (gâté) en train d’ouvrir ses cadeaux de Noël – les têtes des deux concurrents pour le siège de première secrétaire du parti socialiste, Martine Aubry et Ségolène Royal. Au lieu de ce dessin, il y a un autre (page 2) dans lequel Sarkozy et François Fillon (son premier ministre) dansent le disco en essayant de ne « pas se réjouir de manière trop ostentatoire des malheurs du PS. »

Mais il y a un côté critique du PS aussi. Pendant qu’ils ont autant d’attention médiatique… il y de nouveau un soldat français mort en Afghanistan, de plus en plus de problèmes avec l’éducation national, la guerre tribale au Congo, des SDF morts au Bois de Vincennes, le taux de chômage qui grimpe (surtout dans l’industrie automobile), et des effets graves du réchauffement de climat au pôle nord.

Il y a beaucoup de caricatures de Sarkozy, « le vrai visage de la crise. »

Ni Chirac, l’ancien président de la république, échappe la satire. Il y a un page dédié à lui et le « cabinet noir » d’Yves Bertrand.


D’autres thèmes récurrents :

L’industrie automobile atteint par la crise (Adieu Bagnole!)

Les SDF qui meurent de froid

Sarkozy et son désir d’être star

La télévision publique en danger

Obama portant Hilary sur l’épaule (son mari enchainé à sa cheville)

Rachida Dati et un nouveau suicide en prison


L’Affaire des Caricatures

Dans un autre cours, on a parlé beaucoup sur l’affaire des caricatures et le rôle de Charlie Hebdo là-dedans. Il s’agit d’une controverse concernant douze caricatures du prophète Mahomet qui ont été publiés d’abord par un journal danois (dans un article sur l’autocensure des médias en réponse à l’assassinat d’un réalisateur qui a fait un court-métrage sur la soumission des femmes dans l’Islam) et après repris par divers journaux, mais surtout Charlie Hebdo, qui a ajouté une nouvelle caricature. Philippe Val a subi un procès polémique avec beaucoup de protestation musulman, surtout à cause de la caricature de Mahomet portant le turban-bombe. Enfin, Charlie Hebdo a été acquitté parce que le journal n’était pas préjugé contre les musulmans (tout le monde est le cible de la satire de Charlie) et parce qu’il a soulevé un problème social avec son tirage.



J’ai regardé un documentaire très intéressant qui vient de sortir, le 17 septembre 2008, sur l’affaire. Voici le bande-annonce. C’est dur d’être aimé par des cons


Tuesday, November 25, 2008

PHILIPPE SQUARZONI: Garduno, en temps de paix

Garduno, et temps de paix est à la fois autobiographie (mais pas centré sur lui, plutôt sur sa prise de conscience politique), journal intime, documentaire et article critique avec un mise en scène graphique. La bande dessinée raconte quelques éléments de la vie de son dessinateur, notamment ces voyages, et ses conclusions sur le libéralisme économique (les marchés libres, laissez-faire, etc.) et la mondialisation.

Philippe Squarzoni a fait beaucoup de voyages :

  • 4 à Croatie, volontaire dans un Projet de Résolution de Conflit
  • Voyage à Chiapas, observateur pour une association des droits de l’homme, suivre la marche Zapatiste
  • Voyage en Palestine et Israël (raconté en Torture Blanche, 2004)

Il est un des créateurs de Les 7 Piliers (édition de BD, de littérature et de musique) et membre d’ATTAC (L'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'aide aux citoyens), commencé en 1998 et qui lutte contre l’économie traditionnel et pour les biens communs.

Son style dans Garduno, en temps de paix est très graphique ; ses dessins sont réalistes et il utilise beaucoup de photographies et de publicités très connus.


Quelques remarques que j’ai trouvées très intéressants :

  • Neutralisation de l’histoire avec le passage de temps

  • Son autoportrait est quelquefois sans figure, ou sous forme d’éléphant
  • La dérégulation et privatisation des années 1990 = perte du patrimoine de l’état et du pouvoir monétaire face aux entreprises privés
  • Liberté et démocratie ? Les marchés financiers imposent leurs lois aux dirigeants politiques ; la mondialisation libérale diminue le pouvoir de l’état.
  • Selon Financial Times, le défi de la mondialisation est d’adapter l’opinion publique au marché (libre échange)… « La fin est soumise au moyen. »

  • Référence à Le Petit Prince

  • La publicité est une répétition des idées par les élites pour qu’elles deviennent «évidentes.»


Les Zapatistes (Armée Zapatiste de libération nationale) sont un groupe révolutionnaire basé en Chiapas (Mexique) qui représentent les droits des populations indigènes et la justice économique, entre autres. Le mouvement est souvent considéré comme la première révolution postmoderne. Squarzoni dit que les Zapatistes représentent la première résistance à la globalisation, avec leur offensif de 1e janvier 1994 (protestation contre l’accord de libre-échange nord-américain).

Ils cherchent le support international à travers l’internet. Quelques artistes répandent leur cause, comme Rage Against the Machine.

Voir le video-clip de People of the Sun qui parle de la révolution zapatiste.


Emiliano Zapata, commandant de l’armée révolutionnaire pendant la révolution Mexicaine de 1910. Sa devise : « Mieux vaut mourir debout que vivre toute une vie à genoux. »


A Place Called Chiapas, un documentaire sur le mouvement.

Thursday, November 20, 2008

Les Bobos dans les bédés

Le terme bourgeois bohème représente une contradiction de deux types de valeurs assez différents chez une personne, ou même une classe sociale. Pour être plus précise, il faut regarder deux exemples de son usage : la signification américaine et française.

Aux Etats-Unis, le terme bourgeois bohemian nome des gens aisés qui incarnent un croisement entre les valeurs utopistes, dit hippie ou bohème, des années 1960 et les valeurs individualistes (surtout économiquement) de l’époque du président Reagan, dit yuppie ou bourgeois.

En France c’est un peu différent. Bobo désigne des personnes qui vivent la vie bohème parce qu’ils ont l’argent et les moyens pour le faire. Plutôt fils de la bourgeoisie, ils conforment au stéréotype du bohème (la gauche traditionnelle) superficiellement. Dans sa chanson Les Bobos, le chanteur Renaud décrit le terme. Voici les paroles et un lien pour écouter la chanson.


On les appelle bourgeois-bohêmes
Ou bien bobos pour les intimes
Dans les chansons d'Vincent Delerm

On les retrouve à chaque rime
Ils sont une nouvelle classe
Après les bourges et les prolos
Pas loin des beaufs, quoique plus classes

Je vais vous en dresser le tableau
Sont un peu artistes c'est déjà ça
Mais leur passion c'est leur boulot
Dans l'informatique, les médias
Sont fiers d'payer beaucoup d'impôts


Ils vivent dans les beaux quartiers
Ou en banlieue mais dans un loft
Ateliers d'artistes branchés,
Bien plus tendance que l'avenue Foch
Ont des enfants bien élevés,
Qui ont lu le Petit Prince à 6 ans

Qui vont dans des écoles privées
Privées de racaille, je me comprends

Ils fument un joint de temps en temps,
Font leurs courses dans les marchés bios
Roulent en 4 x 4, mais l'plus souvent,
Préfèrent s'déplacer à vélo


Ils lisent Houellebecq ou Philippe Djian,

Les Inrocks et Télérama,
Leur livre de chevet c'est Cioran
Près du catalogue Ikea.
Ils aiment les restos japonais

et le cinéma coréen


Passent leurs vacances au cap Ferret
La Côte d'Azur, franchement ça craint
Ils regardent surtout ARTE
Canal plus, c'est pour les blaireaux
Sauf pour les matchs du PSG
Et d'temps en temps un p'tit porno


Ils écoutent sur leur chaîne hi-fi
France-Info toute la journée
Alain Bashung Françoise Hardy
Et forcément Gérard Manset
Ils aiment Desproges sans même savoir

Que Desproges les détestait
Bedos et Jean-Marie Bigard,

Même s'ils ont honte de l'avouer
Ils aiment Jack Lang et Sarkozy
Mais votent toujours Ecolo
Ils adorent le maire de Paris,

Ardisson et son pote Marc-O

La femme se fringue chez Diesel
Et l'homme a des prix chez Kenzo
Pour leur cachemire toujours nickel
Zadig & Voltaire je dis bravo

Ils fréquentent beaucoup les musées,
Les galeries d'art, les vieux bistrots

Boivent de la manzana glacée
En écoutant Manu Chao
Ma plume est un peu assassine

Pour ces gens que je n'aime pas trop
Par certains côtés, j'imagine...

Que j'fais aussi partie du lot


La figure du bourgeois bohème est très présente chez les bandes dessinées de Claire Bretécher et Dupuy-Berberien.

Bretécher, qui a commencé sa carrière de dessinatrice en 1963 avec Goscinny, dédie les albums de sa série Les Frustrés aux « conformistes de l’anticonformisme… les snobs, les fils de bourgeois gauchisants, les mous, les durs, les sexistes, les féministes, les parents laxistes et leurs affreux jojos. » *Florence Montreynaud

Les personnages représentés dans les planches savent surtout parler. Ils (pour la plupart de la BD il s’agit en fait d’elles) connaissent les valeurs qu’ils sont censés de vivre mais continuent toujours dans leurs rôles traditionnels, continuent à promulguer les valeurs bourgeois dont ils étaient élevés. Enfin, ils sont hypocrites. Les femmes parlent de la libération, du féminisme, de la solidarité mais continuent à chercher leur mec. Les amoureux montrent qu’ils s’en fichent du monde, s’embrassent sans honte en publique, mais après tout sont comme tous les autres couples avec tous les mêmes problèmes. Les hommes se pensent ouverts d’esprit, mais ils restent sexistes. Il y a beaucoup d’autres exemples.

Philippe Dupuy et Charles Berbérian, qui ont collaboré depuis 1983, exemplifient le bobo à travers leur personnage Monsieur Jean et ses amis. L’histoire principale dans la bande dessinée est que Jean se conforme à l’idée du célibataire parisienne, ayant trop peur de se consacrer à une relation sérieuse avec Cathy. Ses amis aussi, se contredisent es se pensant très originaux et intuitifs, mais finissent par agir des manières traditionnels, comme voulant effacer la seul mémoire de l’artiste des années 1920 pour vendre le Rembrandt hypothétique qui était caché en dessous.


D’autres remarques sur Les Frustrés

  • Il y a deux extrêmes de style dans la BD de Bretécher. Dans la moitié des planches, le texte est le plus important, quelque fois il n’y pas même de grand changement dans le scenario. Dans l’autre moitié, il n’y presqu’aucun texte et donc l’image doit raconter tout.

  • La bande dessinée est composé de petites histoires, pas plus longues qu’une planche. Dans son intervention, Lisa Mendel a dit qu’une de ses influences était Bretécher, et on peut faire la même organisation dans ses œuvres, comme Nini Patalo.
  • Ma planche préféré s’appelle La Création (ou la procrastination)
  • La mode des pantalons serrés !
  • Dans une des dernières planches il y a une référence à une chanson d’Iggy Pop, un des instigateurs du mouvement punk. Voilà un lien pour écouter Funtime.